Les Truculentes Aventures de Tuor

Dans un moment de démence et un instant d'égare(lille flandres)ment(à l'eau), je fus pris du désir furieusement presque vivace de vous faire partager, par pur sadisme et/ou altruisme, les Truculentes Aventures de Tuor dont d'aucuns auront déjà ouï parlé.

Bien entendu, je ne peux prendre sur moi une telle décision et j'attend pour m'exprimer avec ma verve de dément coutumière le feu vert de l'Administration.


Bien à vous,
Divitiac

Bon ben je me lance alors, puisqu'il n'y a pas eu de protestations de l'Administration. Portons donc un coup fatal au monopole de Laurie sur ce texte.
Et... courage, il n'y a pour le moment que 18 volets, ce n'est pas si long



Les Truculentes, Epoustouflantes et Tribulantes Aventures de Tuor, Prince des Etoiles


Episode 29: La Rébellion des Sauvages Hyknalos du Grashdakarak Noir


Résumé des épisodes précédents : Tuor, Prince des Etoiles, sillonne l'Univers Méconnu en tous sens à bord de son infatigable vaisseau, le cuirassé Moby Duke Ellington


Il faisait nuit au Grashdakarak Noir ; du moins était-ce ce qu'on pouvait appeler la nuit. Haut dans le ciel, neuf des seize lunes de Mircovonis paissaient l'obscurité sinistre de l'espace et les rayons orangés du grand soleil Al'Kanor se reflétaient sur la pâleur opaline de leur surface avant de redescendre doucement dans l'atmosphère épaisse du Grashdakarak. Il faisait nuit, mais comme à toute heure, la clarté triomphait du principe sombre.
Soudain, au fin fond de l'horizon brumeux, un éclair lumineux, une traînée de feu, vive et étirée : le Moby Duke Ellington pénétrait dans les airs nauséeux du Grashdakarak Noir. Le Prince Tuor, son fier occupant, dont le nom fait trembler les puissants et espérer les faibles, le Prince Tuor dont la statue d'airain s'élève sur la place de Marjanel d'Antych, le Prince Tuor dont l'épée flamboyante a déchiré les voiles sombres de l'adversité, le Prince Tuor débarqua.
Le lourd Moby Duke Ellington s'était posé à grand fracas sur la grand'place du village d'An-Takotec, et à sa sortie un Conseil des Anciens parut :
"Salut à toi, Tuor, dont le nom fait trembler les criminels et espérer les justes, salut à toi Tuor dont la statue de bronze s'élevait sur la place d'An-Takotec avant ta venue, salut à toi Tuor dont la lance flamboyante a percé le flanc de la Bête Chaos ! Sois le bienvenu parmi nous ; et puisse ta lame étincelante servir nos intérêts ; et puisse notre amitié soutenir tes pas ; et puisse ta bourse payer l'édification d'une nouvelle statue de bronze."
A ces mots, le prince Tuor dont le nom fait attraper la jaunisse à Morgil le Furieux, dont le portrait par le peintre Van Egg orne la chambre de la Duchesse de Caldalares, donc le trait flamboyant dépasse les nuages, le Prince Tuor ne se sent plus de joie.
Il ouvre de larges de paumes, et laisse tomber : "Ah !
Aussi vrai que je suis Tuor, dont le nom finit par excéder le lecteur, dont la tête ne lui revient plus non plus et donc la verve flamboyante a percé la patience, mon aide vous est acquise, si vous voulez bien m'exposer la raison de votre appel.
(Là, révélation soudaine, on apprend que le Prince Tuor dont [...] était effectivement attendu par le Conseil des Croulants ; ça t'en bouche un coin Meneldur hein ?)
"Prince Tuor, reprirent les Anciens, vous avez sauvé Alhambhot de la destruction, vous avez préservé le Roi Nahil de la mort et avait renversé la conspiration de Giltarnes (voir les épisodes précédents).
Nous connaissons votre valeur, et celle de votre épée flamboyante, et celle de votre trait flamboyant, et celle de votre lance flamboyante, et cette valeur, nous l'espérons, s'exercera ici. Les Sauvages Hyknalos ont pris les armes, et boutent le feu à toute la contrée ; si vous ne faites rien, nous mourrons de faim l'hiver prochain, car tous les plants de Sulculus Vert seront détruits."
A ces mots, Tuor le Grand, Tuor le Magnifique, Tuor le Juste ne se sent plus de rage.
Il ouvre ses larges paumes, et saisit son épée flamboyante dont au sujet de laquelle je crois qu'il serait temps de préciser qu'elle s'appelle Irnal la Flamboyante, allez savoir pourquoi.
"Mes amis, je saurais arrêter ce fléau !"
(NB : le Sulculus Vert est une sorte de pâte-sirop ; c'est sulculent, comme dirait Meneldur.)
(Fin de la première partie de l'épisode 29)



Divitiac

Résumé de la première partie de l'épisode :
Tuor, Prince des Etoiles, dont le nom résonne dans les salles de prières du Palais Marbré d'Alicrones, est arrivé au Grashdakarak Noir où le Conseil des Croulants lui a confié une mission : éradiquer la menace que constitue la Rébellion des Sauvages Hyknalos. L'ayant accepté, notre héros s'apprête à quitter le village d'An-Takotec pour affronter le danger avec sa bonne lame, Irnal la Flamboyante.


Sur ces mots, Tuor, le Prince Tuor, dont les merveilleuses actions, quoique ineffables, méritent du moins le commentaire de merveilleuses, le Prince Tuor s'engagea le long de la Voie Pavée qui reliait le village d'An-Takotec à la Cité Souterraine des Sauvages Hyknalos du Grashdakarak Noir.
Sur la route, ô Infortune, pourquoi t'acharner sur cet Homme dont les faits d'armes ont fait rejaillir la gloire sur les plus lointaines frontières troubles de l'Univers Méconnu ? sur la route, disais-je, il fut assailli.
Non point, il faut l'avouer, par des hordes barbares, la bave aux lèvres et la rage aux dents, non point, il faut le dire, par des colosses roux aux veines turgescentes, non point, il faut le dire, par des cohortes sombres descendues du sinistre Empire Malarnarezis, venues venger leur maître dont au sujet duquel je ne puis que vous recommander la lecture de l'épisode 21. Non, il fut assailli, ce grand parmi les grands, ce Géant du Cosmos, cet admirable et remarquable guerrier invaincu, il fut assailli par deux Sauvages Hyknalos.
Deux Sauvages Hyknalos !
Ô cruelles vicissitudes de l'existence quasi-humaine de ces régions écartées du monde à peine soupçonné ! Deux Sauvages Hyknalos ! Mais que va donc faire Tuor, le Prince Tuor, dont le nom de quatre lettres dont la valeur chiffrée additionnée n'égale jamais que soixante-quatorze, seul face à un tel déséquilibre des forces ?
Mais il n'est point craint jusqu'aux profondeurs abyssales du monde marin de Qoltha pour rien ; sa bravoure indomptable le pousse à affronter les lignes ennemies qui l'écrasent pourtant en nombre. Il brandit alors Irnal la Flamboyante, sa flamboyante épée, et frappe avec rage, mais sans bave, le premier Sauvage. Un cri de souffrance jaillit soudain, qui n'avait rien d'humain et tout de typiquement Hyknalos, et le malheureux Sauvage périt dans une gerbe de sang vert.
(NB : La couleur verte du sang des Sauvages Hyknalos trouve son origine dans la consommation de Sulculus Vert dont il a été fait état dans la première partie de l'épisode.)
Le second assaillant, sur un autre cri, de gorge, qui tenait davantage de l'exhortation à la bataille que du dépit caractérisé, le second assaillant se jeta dans le dos du Héros Incommensurable, la pointe de sa sagaie portée au devant de ses pas vifs et bondissants.
(Que va-t-il arriver à Tuor, le Prince Tuor, dont le nom même a des vertus cathartiques et dont les actes sont enseignés dans les Grandes Ecoles des lunes rouges de Nihmac ? Vous le saurez dans le troisième volet de l'épisode !)



Divitiac, pour vous servir

Résumé du début de l'épisode :
Tuor, le Prince Tuor, qui est doit-on le rappeler le personnage principal de ce feuilleton, est dans une fâcheuse situation, qui n'a rien de plaisante si ce n'est pour le lecteur qui vibre d'espoir et d'incertitude confondus, suant à grosses gouttes et craignant pour la vie de son idole. En tout cas, la situation est vraiment fâcheuse pour l'auteur, qui voit soudain son héros, pourtant cité comme exemple jusque dans le cercle royal des Soleils Marcadiens, fourré dans un pétrin de boulanger de Darcalis.



Maahg'Tolerc était un Sauvage Hyknalos du Grashdakarak Noir. Il était né quelques siècles auparavant dans la Cité Souterraine et avait été élevé à la dignité de Prince lors de son onzième anniversaire. Il ne l'apprit toutefois pas avant l'âge de cent trente neuf ans, car si la vie des Sauvages Hyknalos est longue, leur évolution psychique ne l'est pas moins, et ils n'acquièrent la parole et la faculté de compréhension orale qu'à ce stade de leur vie. Des études poussées effectuées par des savants éminents d'An-Takotec ont tendus à prouver que la capacité de lecture et d'écriture apparaissait aux alentours du huit cent quatre vingtième anniversaire ; toutefois il n'est pas envisageable de généraliser cette conclusion qu'on ne pourrait considérer que comme trop hâtive et mal étayée.
En effet, une pénurie de sujets d'expérience ayant atteint cet âge sans périr atrocement mutilés par la justice sanglante de la Cité Souterraine, ou sans avoir péri dans des guerres intestines de conquêtes en dedans ralentit la marche inexorable des progrès de la science.
Pour en revenir à Maahg'Tolerc, il vécut une vie heureuse, massacra nombre de ses parents et plus encore d'ennemis avant d'être envoyé par son peuple tendre une embuscade à Celui qui venait troubler leur grande Rébellion. Tandis que son compagnon essuyait le feu de la lame flamboyante d'Irnal, Maahg'Tolerc bondit en avant pour frapper de la pointe de son arme de jet en bois de pin le dos légèrement penché du Héros de l'Univers Méconnu.
C'était d'ailleurs à ce stade du récit des Truculentes, Epoustouflantes et Tribulentes Aventures de Tuor, Prince des Etoiles, dont le nom inspire les plus grands trouvères d'Al-Mnistighis ou d'Orhofalcier, que nous nous en étions tenu dans l'épisode précédent, faute d'une suite probable de l'existence du Magnifique Objet de tous nos Voeux.
La situation n'a guère progressé, mais j'ai une famille d'adoption à faire manger, alors il va bien falloir affronter le monstrueux Destin qui s'acharne à rendre toujours plus truculentes, époustouflantes et tribulantes les aventures du Prince Tuor (voir les 28 premiers épisodes pour des détails sur ce coquin de Sort qui n'a jamais pardonné l'affront que lui fit Tuor sur la Comète Rouge d'Ornil).
Or donc, alors que la sagaie incriminée s'apprêtait à pénétrer la chair faible et vulnérable de l'Invincible Tuor, le génial guerrier fit un volte-face digne de louanges de la part même du Maître d'Armes Gristern de Polocis et fendit dans le sens de la longueur le manche du trait à l'aide d'Irnal la Flamboyante, ce qui eut pour effet probant d'envoyer valser dans les pupilles dilatées de l'assaillant moult copeaux de bois dont la gêne effective devait provoquer un trouble immédiat de la vision et, à brève échéance, la défaite et la mort.
Lors que ses moitiés d'armes heurtaient avec indolence le sol pavé, Maahg'Tolerc vit toute sa vie défiler devant lui ; et, Tuor sait (c'est amusant que ce soit lui que j'invoque n'est-il pas ?) qu'une vie de plus de cinq siècles, ça met un temps certain à défiler. Un temps d'autant plus certain que, dans ses occasions là, on aime à regarder les détails, et quand on a des copeaux de bois - de pin ! - dans l'oeil, on y passe plus de temps. C'est sans doute ce qui explique que le Prince Tuor, dont le nom provoque des crises d'asthme d'intensité non négligeable chez les personnes sensibles, et des hurlements déchaînés chez les hystériques, ait eu le temps de se rendre à la Cité Souterraine, remplir son office, et revenir à An-Takotec par la même Voie Pavée sans que son adversaire ne se soit déplacé d'un iota, souscrit ou pas.
Mais ces hauts faits seront relatés dans la quatrième partie que je vous invite à découvrir lors de la prochaine retransmission !


(Fin de la troisième partie)


Divitiac, pour vous servir

C'est beau d'être célèbre hein ?


Divitiac

Résumé du début de l'épisode :
Tuor, le Prince des Etoiles, accessoirement Seigneur de tel ou tel petit satellite de province des grands systèmes stellaires de l'Univers Méconnu, Tuor a quitté le village d'An-Takotek pour rejoindre la Cité Souterraine et écraser la Rébellion des Sauvages Hyknalos du Grashdakarak Noir. Mais la Voie Pavée est surtout pavée d'embûches...



Tuor, plein de superbe, progressait à grandes enjambées sur la Voie Pavée, hâtant son pas vers la Cité Souterraine. Il craignait, non sans raison, une nouvelle embuscade des Sauvages Hyknalos, ou de quelque pillards de la contrée, qui pourrait se révéler, elle, terriblement mortelle. Cette pensée hanta longtemps l'esprit de notre Prodigieux Héros, lequel ne manqua pas de s'interroger sur la probabilité d'une rencontre mortelle qui ne le soit point terriblement, et qui abandonna toute idée de réflexion à ce sujet après quelques dizaines de pas lorsqu'il tomba nez à nez, si je puis dire, avec un grand tronc d'arbre qui n'avait en tout et pour tout qu'une vague écorce en guise d'appareil olfactif.
Toutefois, malgré ce grave manquement à la physionomie ordinaire des gens, ce tronc d'arbre avait tout pour être menaçant : la taille, plutôt appréciable, la couleur, d'un sombre inquiétant, et la rugosité des traits. Des branches pliées, vers ce qui paraissait être la tête de ce géant couché, semblaient des sourcils sévèrement froncés.
Tuor, le Prince dont la victoire sur les puissances négatives de l'Ether Insoupçonné dans la Constellation Magnas sauva les civilisations décadentes d'Orthil d'une fin atroce et rapide pour leur permettre de profiter allègrement d'un lent pourrissement de leur société jusqu'au plongeon final inéluctable dans l'abîme de l'Histoire quelques décennies plus tard (voir l'épisode 11 et ses tributaires), Tuor saisit à deux mains son courage, son épée Irnal la Flamboyante dans l'autre, et s'avança résolument quoique prudemment.
Chaque pas lui coûtait davantage de sueurs froides sur son front brûlant, ce qui revenait à laisser derrière lui un trait pointillé de gouttes tièdes et humides dans la poussière du chemin ; car la Voie, quoique pavée, n'était guère usitée et encore moins entretenue. Alors que, presque défaillant, notre Héros Incoercible heurtait du bout métallique de sa chausse le bois ridé qui le défiait sombrement, une suite d'événements imprévisibles s'enchaîna dans un ensemble d'apparence aléatoire et en vérité foncièrement anarchique.
Tout d'abord, là-haut, le grand soleil orangé du Grashdakarak Noir fut éclipsé par une des seize lunes de la planète, événement pour le moins courant certes, mais légèrement perturbant pour qui n'est pas fait à ces habitudes, le plongeant dans un gouffre de perplexité et un noir opaque.
Au même instant, sifflant et grimaçant affreusement, un serpent ondula entre deux pavés mal joints et révéla un ventre gris-pâle vaguement saupoudré de sable avant de disparaître entre deux brins fols d'herbe.
(NB : Les hommes d'An-Takotec ont de temps immémoriaux pris l'habitude de cimenter leurs pavés avec du sable, donnant lieu à une expression commune.)
Toujours en même temps, trois Poulpes Terrestres jaillirent de derrière le tronc, hideux de laideur et d'infamie physique, et firent converger leurs horribles tentacules grisâtres sur la personne du Prince Invaincu dont le nom restera dans toutes les mémoires des siècles durant, dut-il laisser sa vie dans cet épisode, car après tout il a amplement fait ses preuves dans les 28 précédents (à vous procurer absolument).
(Ainsi s’achève ce quatrième volet de l’épisode 29, abandonnant le lecteur pantelant dans le doute et la stupéfaction, ce qui caractérise les feuilletons à succès comme celui que vous lisez. Ne manquez pas notre prochaine retransmission !)



Divitiac, pour vous servir

L'Administration accepte que cette partie échappe un peu à son monopole dictatorio-démocratique.

Cependant, en cas de pandémie forumique de la folie victoriano-tuorienne (atypique, tant qu'on y est), notre poète préféré (après Rimbaud dans mon cas, eh eh eh... et Hugo aussi ) sera contraint de revenir sur ses terres électroniques que sont le présent sujet.

Il est évident qu'un passage secret (entendez lien, dans le langage vulgaire que nous employons communément) vers les pages consacrées à cette maladie psychoneuropathique (les TAT, Truculentes Aventures de Tuor, ça fait aussi Terrible Amnésie Tueuse...), avec des contrôles médicaux aux frontières dorénavant.

Amicalement toutefois, eh eh eh